dimanche 28 mars 2010

Les Nuits Fauves...

Souvenirs de tournage...où Cyril Collard a coupé l'image mais,au montage, a gardé ma pleine voix chantant  Summertime à tue-tête...Bien que Nella Banfi, la productrice, ait refusé de me citer au générique...
Les dures Lois du métier ! Cyril Collard, un joli garçon fort sympathique et exalté, sautant ici et là comme une puce, ,qui devinait dans doute, qu'il élaborait là sa dernière oeuvre cinématographique, qu'il crachait son dernier morceau...
Une nuit crevante de tournage, 300 francs ! Au black...de la main à la main, à l'aube,, près de la Seine. Retour chez soi, épuisé, "Les Paumés du Petit Matin", misérablement payés, mais heureux d'avoir été exploité en assistant à la récompense : le lever de soleil sur les eaux métalliques de Seine. Nuits Fauves mais Aurores désArgentées.   Tous les intervenants, figurants, acteurs, techniciens...étaient restés transis sur le pied de guerre.
Souvenirs aussi de son assistante qui  dirigeait  Collard  vers les trois heures du matin,  roiulant sur le sol de terre batue sous le pont Austerlitz avec un de partenaires de passage dans une  des scènes les plus hards du film.
Triomphe et quelque temps après la Sortie du film, la mort de Collard.
Une époque perdue, que je ne qualifierai sûrement pas de bénite,  où le Sida faisait rage. Maladie à laquelle j'ai réchappé, contrairement à beaucoup de personnes que je ne revois plus mais qui, me semble t'il , sont encore vivantes...
Amitiés anéanties en apparence, mais vivaces en mon souvenir.
"C'étaient Ami(e)s que Vent emporte et il ventait devant ma porte, les emporta..."...Rutebeuf voyait clair, tout comme l'auteur de "Plaisir d'amour" qui ne dure qu'un moment ! Kif-kif bourricot !
La sexualité n'est nullement un lien suffisant entre gays, bis, ou tout ce que vous voulez...
Désaccords sur toute la Ligne...Engueulades...Clashs de fins d'histoire...Qui ont signé la mort d'avec le Milieu, le clivage définitif...La séparation des corps...des chagrins irréparrables...Surtout un...UN...GC, auquel on rajoutera  un décès, après tant de fous-rires ensemble, tant de bières ingurgitées au Mistral, celui de mon amie  Orla, d'alcoolisme,...transexuelle, artiste de music-hall, coiffeuse...à qui je dédie ces courtes mémoires.
Oui, ce de monde, j'en aurais connu la Lie, les Ténèbres et les fulgurances lumineuses, bien trop brèves...
Ce microcosme intime est là, inscrit dans mon coeur, mais je ne peux plus, non, le croiser, le fréquenter, l'approcher...
La Fuite de Paris, la  Solitude, au départ forcée, puis revendiquée, la maladie de l'oesophage qui vous prive de votre voix,  passent par là, et un certain cheminement avec... qui vous font passer définitivement d'un plan à un autre. Où l'Amour espéré ne coincide plus avec ce sentiment humain  qui s'est avéré impossible, malvenu et, en ce qui me concerne, vain ...
La sexualité se retrouve ainsi vidée de son sens. Elle n'a plus d'intérêt, ni avec les hommes, ni avec les femmes. L'idée même de ces corps à corps me donne désormais des nausées.
Et voilà, où l'on rejoint la plateforme des moines, la Chapelle Intérieure, le silence des églises romanes d'Auvergne, où ces Amours, disparues pour les Autres mais pas pour Soi, vous reviennent, pareilles à des reflêts...des spectres.. qui parfois  arborent un sourire..
Impossible de revoir physiquement ceux et celles qui furent aimés, de franchir  le Cap du Réel. La déchirure des corps est consommée, pas celle des âmes.
Par le biais de l'Esprit, tout est possible. Je ne les ai jamais quittés. Vivants ou "prétendûment Morts"...
Orla !  A toi seule, tu symbolises le meilleur de toute cette époque...où tous nous étions de frêles barques sur ces flots de désolation fiévreuse des corps, de surcontaminations déchainées, et à la chaine,  et où tant périrent.
Alors, juste pour dire à tous ceux qui jugent utiles de me décridibiliser, ou de m'insulter ..."enfant de choeur déguisé en loup gay, pour faire revenir les ouailles au bercail", vous pouvez toujours repasser...Vous n'avez nullement, non, le privilège du coeur, comme disait l'autre !

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